Mon blog est un miroir... Le reflet de toi, lui, moi… Vous y trouverez mes articles en réaction aux événements de l’actualité… Ma poésie… Des poèmes et chansons traduits de l’arabe… Mes chansons et poèmes célèbres préférés… De l’humour pour rire… mais aussi pour réfléchir... (TOUTE utilisation des articles ou vidéos Youtube de SAMIA LAMINE à des fins commerciales est strictement interdite. ME CONTACTER pour toute AUTORISATION.)

LA CRAVATE.
Il se réveille. Le réveil et la pendule le regardent. Il lève la tête engourdie par le sommeil profond de la veille : mort dont il ne se souvient plus.
Dans la salle de bain, le miroir l’appelle. Il s’y voit mais ne se reconnaît pas. Il prend le rasoir tond le masque barbu qu’il n’a pas vu depuis des jours et des nuits. Il se regarde un instant sans se voir.
Il entend ses pas lourds et pesants qui le ramènent vers la chambre à coucher. Il est devant la glace de la coiffeuse couverte de poussière. Il la regarde. Mais, il ne se voit pas. Il se tourne vers la penderie dont les portes sont ouvertes depuis des jours et des nuits. Le beau costume gris en soie, la tendre chemise et la cravate encore parfumée sont encore là. La belle cravate de la destinée encore embaumée! La cravate qu’il a achetée le mois dernier pour compléter la tenue portée lors de son dernier rendez-vous avec elle. Il hume, comme une odeur divine, la belle senteur qui l’atteint malgré l’humidité de la pièce et la puanteur du tabac !
Ring… Ring…C’est le portable. Il n’a pas sonné depuis des jours ! Ring… Ring… Puis, plus rien. Ce n’est pas important ; Le numéro lui est étranger. Une idée lui vient de la rejoindre. Ring… Ring… Ring… Rien… Aucune réponse…
Se sentant comme étranglé par une boule à la gorge, il accourt à la fenêtre fermée depuis plusieurs jours. Il soulève les stores abaissés en faisant tourner hâtivement la manivelle. Il sort la tête hâtivement et boit l’air comme un assoiffé : Ouh !Ouh !
Le ciel est turquoise. Il doit être midi. Mais lui, ne le sait pas. Mais lui, ne le voit pas. Traumatisé par la lumière, il remet la pièce au noir. Il lève les yeux vers le plafond ; vides, ils restent fixés sur le lustre en cristal éteint…
Ensuite, il se traîne vers la vielle penderie, retire la cravate, la met autour du cou, prend une chaise en bois massif hérité de ses parents au siècle dernier.
Ring… Ring… Cette fois, c’est à la porte qu’on sonne. Il ne veut rien entendre. Il s’est déjà décidé. Mais, l’acharnement du visiteur à ne pas lâcher le bouton de la sonnette excite sa colère et l’arrache de la torpeur et de la léthargie dans lesquels il a sombré depuis des jours et des nuits. Il ouvre la porte. Gelé, engourdi, paralysé ; Il voit que c’est elle.
Elle le prend par la jolie cravate pas encore nouée, l’attire à elle et pose un tendre bisou sur les lèvres bleues de celui qui fortuitement n’est pas un cadavre. Elle caresse ses joues blêmes avec cette soie. Il regarde ses grands yeux brillants. Il les fixe. Et… il se voit dans le miroir de leurs étincelles…
Quelques heures après, il ouvre les yeux. Il regarde le réveil puis la pendule qu’il a achetée à la brocante il y a vingt ans.
Il est minuit.