Marcel KALIFA.
M.Darwich.
J’ai la nostalgie du pain de ma mère
Et du café de ma mère
Et de la caresse de ma mère
Et, en moi, grandit l’enfance
Jour après jour
Et j’adore ma vie car
Si je mourais,
J’aurais honte des larmes de ma mère !
***
Fais de moi, si je revenais, un jour,
Un fard pour tes paupières
Et couvre mes os avec l’herbe
Baptisée par la pureté de tes talons
Et attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux
Avec un fil délié du pan de ta robe…
Peut être deviendrais-je un dieu,
Un dieu je deviendrais,
Si j’atteignais le fond de ton cœur !
Fais de moi, si je revenais, un jour,
Un combustible dans ta fournaise enflammée
Et une corde à linge sur la terrasse de ta maison
Car, je ne puis tenir debout
Sans la prière de ta journée…
J’ai vieilli… Rends-moi, donc, les étoiles de l’enfance
Pour que je partage
Avec les oiselets
Le chemin du retour
Au nid de ton attente !
Samia Lamine©2009.
Le texte original écrit en arabe par Mahmoud Darwich en 1966, chanté par Marcel Khalifa et traduit de l’arabe par Lamine Samia pour les lecteurs de son blog.
إلى أمي
أحنّ إلى خبز أمي
وقهوة أمي
ولمسةِ أمي...
وتكبر فيّ الطفولة ُ
يوما على صدر يوم
وأعشق عمري، لأني
إذا متّ
أخجل من دمع أمي
***
خذيني، إذا عدت يوما
وشاحا لهُدبكِ
وغطـّي عظامي بعشبٍ
تـَعـَمّـد من طـُهر كعبكِ
وشدّي وثاقي...
بخصلة شـَعرٍ...
بخيطٍ يلوّح في ذيل ثوبكِ...
عساي أصير إلها
إلها أصير...
ادا لمست قرار قلبك
ضعيني، إذا ما رجعتُ
وقودا بتنور ناركِ
وحبلَ غسيل على سطح داركِ
لأني فقدت الوقوف
بدون صلاة نهارك...
هرمتُ، فرُدّي نجوم الطفولةِ
حتى أشاركَ
صغارَ العصافير
دربَ الرجوع...
لِعشّ انتظارك...
محمود درويش
(1966)
1) Mahmoud Darwich est un poète né en 1941 à Al-Birwah, en Galilée, en Palestine sous mandat britannique . Après 1948, le village fut rasé entièrement et la famille Darwich s’enfuit au Liban, où elle resta un an, avant de rentrer clandestinement à la terre natale occupée où elle découvre que leur village a été remplacé par une colonie juive. La famille s’installe alors à Dair Al-Assad.
Les réfugiés fuyant la terreur dans leur village en 1948.
Le poète a été emprisonné plusieurs fois dans sa vie, est assigné à résidence à Haïfa et puis il se résout à l’exil : Liban, Egypte, Tunisie et France. Il meurt en exil LE 9 aout 2008 mais sera enterré en Palestine à El Qods mais non dans son village natal occupé.
2) Marcel Khalifa, chrétien maronite, est né en 1950 à Amchit, un petit village sur la Côte au nord de Beyrouth. Son grand-père était pêcheur et joueur de flute. Il vécut parmi les pêcheurs, les paysans et les tsiganes, dans une ambiance à la fois musulmane et chrétienne :
« J'avais l'habitude d'aller à l'église et d'écouter de la musique chrétienne, ainsi que des récitations islamiques du Coran. Au Liban, nous avions un mariage des cultures islamique et chrétienne. Cela m'a beaucoup aidé à former ma prise de conscience musicale. » disait –il.
« Avec adresse et habileté Marcel Khalifa crée un univers étrange où les notes pleurent un peuple et les cordes racontent son histoire. Car l’histoire de la Palestine, Marcel Khalifa l’a relatée pendant trente ans. Cet artiste engagé, qui chantait depuis ses débuts pour la souffrance des Palestiniens sous l'occupation et les Libanais pendant la guerre, mais également pour l'amour et la paix dans le monde, est aussi un luthiste hors pair. »* (Mohamed Jarroudi.) link