La révolution tunisienne... Quand la volonté guide le peuple.
Jusqu'aux dernières heures avant 20 heures, le peuple tunisien n'a pas arrêté de manifester pacifiquement dans les rues. Pourquoi se demande t-on? Ben Ali est parti, dirait-on et un nouveau gouvernement a été formé en début de semaines avec quelques ministres de l'opposition (3 portefeuilles).
En fait, si Ben Ali n'est plus là, les bras qui l'avaient servi sont encore au pouvoir. Comment faire confiance aux agents de la dictature? Quand bien même ils auraient démissionné du RCD, leur mentalité demeurera. Les esprits et les bras de ceux qui ont limogé l'éclosion du peuple tunisien pendant des décennies doivent disparaitre expliquent les jeunes. Et certains autres ajoutent qu'ils ne peuvent pas leur faire confiance eux qui étaient à l'origine de l'immolation de Bouazizi et de tant de jeunes qui se sont jetés dans l'inconnu des mers pour chercher une éventuelle issue à leur destin dans les pays au nord de la méditerrannée. Et d'autres encore accusent les anciens du régime déchu d'être tous des voleurs d'argent, d'esprit et de vie.
Que veulent, en fait les tunisiens? Les jeunes qui ont fait la marche révolutionnaire depuis plus d'un mois, et continuent, et les moins jeunes qui ont préparé la révolution par leur combat, leurs luttes contre deux grandes dictatures de 1956 à 2010 et par leurs sacrifices ( emprisonnement, exil, censure de tout ce qui peut donner de l'oxygène aux esprits, marginalisation d'au moins deux générations de jeunes dans le pays retranchées à toute vie civile etc...), tous veulent tout changer et veulent pour la Tunisie un nouveau visage. Car pendant leur souffrance, endurance et asphyxie, d'autres parmi les destouriens jouissaient de tous les privilèges : les fonctions, les promotions, les richesses, le pouvoir. Tous les avantages et tous les profits revenaient aux membres du RCD: du chef de parti au plus simple indic et mouchard. Tous servaient leurs intérêts et le régime de Ben Ali.
Donc, on comprend qu'ils aspirent à la rupture totale avec l'ancien régime et ses symboles ( le gouvernement, le parti et toutes ses structures, et le parlement).En échange, ils appellent à la démission du gouvernement actuel et à la création d'un conseil qui comprendra des personnalités compétentes et intègres parmi les personnalités politiques ou indépendantes. Ce conseil sera chargé de nommer le gouvernement d'union nationale, de préparer la nouvelle constitution, de gérer le pays auprès du gouvernemnt et de préparer les éléctions. Et le prétexte du vide que causerait le départ de millier de destouriens car la Tunisie, je le répète, abonde d'énergies cométentes. Quant à la deuxième inquiétude qu'on veut nous faire craindre, c'est la prise du pouvoir par les islamistes. Moi, je pense qu'un tel risque est minime. Tout au plus, les islamistes participeraient au gouvernement et seraient actifs comme les autres partis tunisiens.
Aujourd'hui, les manifestations envhissent encore le pays. La révolution encadrée par l'UGTT va vers l'avant avec des pas sûrs et clairvoyants et malgré tout ce qui a été fait pendant les deux décennies Ben Ali pour marginaliser les jeunes... Et malgré tous les complots internes et externes pour dépouiller les jeunes de leur identité, les flammes qui ont brûlé Bouazizi ont fait l'effet de secousse de la volonté de se soulever. Une volonté qui était inhibée par la peur jaillit pour nous rappeler tous que les tunisiens sont les descendants de Farhat Hached qui a sacrifié sa vie pour l'indépendance et d'Abou kacem Chebbi qui a dit :
" Et si, un jour, le peuple choisit la vie
Assurément le destin s'y plie."
Que ceux qui veulent faire avorter la révolution tunisienne, se plient, eux aussi à la volonté du peuple et le laissent décider de sa vie.
Aujourd'hui, la révolution de la dignité se poursuit. Rien ne dissuadera la volonté du peuple de marcher vers sa liberté. Une liberté qui se paie par le sang des enfants. Et je pense que les peuples arabes devraient tirer la leçon: la liberté ne s'offre pas par les forces étrangères qui ne pensent qu'à leur agenda comme en Irak... mais s'arrache par la volonté du peuple.
SAMIA LAMINE (21 janvier 2010.)
Farhat Hached. Abou Kacem Chabbi
Union générale des travailleurs tunisiens