Si son enfant avait vécu, il aurait eu aujourd’hui vingt ans. Etant intelligent, sérieux et studieux, il aurait, déjà, eu son bachot. Il aurait rencontré une jeune fille qu’il aurait aimée et comblée de sa verve de jeune adolescent ; Son cœur était si tendre, si affectueux et si attentionné malgré les épreuves imposées par le destin géographique.
Chaque jour, Sitt Amall* se lève le matin, porte le regard vers le ciel, fait ses ablutions puis, après le « assalamou aleykom »* annonçant la fin de toute prière, elle dirige ses yeux vers le mur où le portrait de son enfant la regarde vivre depuis huit ans.
Elle s’effondre en larmes, comme à chaque fois qu’elle le revoit entrain de jouer, comme chaque fois qu’elle le revoit réviser ses leçons, comme chaque fois qu’elle le revoit dormir tel un ange. Ainsi, Amall vit entre son quotidien : les travaux ménagers, l’éducation de ses enfants et les souvenirs.
Depuis huit ans, les cheveux de la quadragénaire perdent chaque jour de leur couleur noire, chaque jour son visage creuse un sillon de plus et ses yeux s’enfoncent davantage. Après son dernier accouchement du garçon qui, aujourd’hui, porte le nom de son frère martyr, le corps de la jeune dame s’est amolli et affaibli. En la voyant, on croirait une vieille qu’un siècle a vue déchoir et dégénérer.
Aurait-elle connu un autre sort si le cadavre de son fils, arraché subitement à la vie, n’avait pas été ramené baignant dans son sang pareil à un oiseau que de terribles yeux chasseurs avaient visé ? Sûrement, les souffrances de vivre dans le ghetto noir auraient été adoucies par son sourire, ses jeux et ses rêves…
C’était le 30 septembre 2000, au Carrefour, rue Salaheddine, à proximité de la colonie de Netzarim, dans la Bande de Gaza, que le corps de Mohamed Dorra a été perforé par des balles criminelles… Elles avaient violé et volé son enfance, son innocence et la jeunesse de sa mère…tout comme le village Oued Hanna que son grand père paternel avait dû quitter en 48 pour le camp d’ Al Barij où sa famille endeuillée a reçu les condoléances dans le silence des uns, les cris déchirants des autres et les « you- you » de certaines. Ce jour là, le petit était parti, avec son père Jamel, acheter une voiture. Sur le chemin du retour à la maison, à cause des tirs dans le carrefour, le taximan les avait obligés à descendre. Et ils avaient dû continuer le chemin à pieds…
Mohamed avait toujours rêvé de devenir médecin pour soigner les blessés ou architecte pour concevoir les maisons à reconstruire dans son pays colonisé…
Samia Lamine© 2009
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